Ewa Lipska, (Pologne, 1945) |
La Poésie en ce temps Qui nous sommes Une asbl, pour quoi faire ? L'équipe 31 mars - 2 avril 2017 15-17 avril 2016 24-26 avril 2015 25-27 avril 2014 12-14 avril 2013 20-22 avril 2012 01-03 avril 2011 23-25 avril 2010 24-26 avril 2009 11 mars 2009 18-20 avril 2008 |
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Biographie |
Son premier livre de poèmes l'établit immédiatement comme l'une des principales voix critiques dans la Pologne d'après-guerre. Elle est lauréate du Prix Koscielski ainsi que du Robert Graves Pen Club Award. Depuis, Ewa Lipska a publié vingt recueils et est traduite dans le monde entier. Dans les années 1990, elle était ambassadrice culturelle de la Pologne, directrice de l'Institut Polonais de Vienne en Autriche et continue aujourd'hui de partager son temps entre Cracovie et Vienne. Ewa Lipska souligne volontiers qu'elle ne s'identifie pas avec les présupposés théoriques et l'activité de ses congénères. Sa poésie, pleine de dramatisme et de cruauté, est un discours sur l'individu exposé, dans les aléas de l'existence, à toutes sortes de compromis, de paradoxes, de menaces. Lipska se meut souvent aux frontières de l'hermétique, ses poèmes exigent un effort et une certaine érudition de la part du lecteur. Ses recueils montrent que dans le panorama actuel de la littérature polonaise est un grand poète de l'existence, poursuivant et modifiant de manière novatrice la vieille révolte sartrienne. Ewa Lipska a publié une vingtaine de recueils de poésie, mais également des nouvelles et des pièces de théâtre. |
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Poème |
DE PLUS EN PLUS LOIN Je lance des kilomètres devant moi. Dés à jouer. Je prolonge l’illusion. Je pose des miroirs de chimères sur les bas-côtés. Mirages d’une idée éternelle. Plus loin. Plus loin. Encore plus loin. Je verse ma vie sur le compte de villes nouvelles. Je dépasse les frontières dadaïstes. Manèges de nuits multilingues. De plus en plus loin des stagnations enrouées. De la vérité immobile de l’expérience. De l’immobilité du chien. Sur des pubs qui défilent je lis en grec des mots polonais et je ris à voix haute. De plus en plus loin est de plus en plus près de moi. Trad. Isabelle Macor-Filarska et Irena Gudaniec-Barbier L’ILE DESERTE L’île déserte se sépare de la solitude Elle apprend des langues étrangères. Parle peu à peu en humain. Commence à entendre la foule. Robinson Crusoë s’est vendu à la Bourse. Le perroquet Polly est au gouvernement. Sur le disque dur de l’herbe s’inscrit une nature morte qui reste en vie. Le caniche rose de la pub gronde. Queue racée du marketing. Notre adresse brille dans l’obscurité. Diamant sur le doigt de l’île. Trad. Isabelle Macor-Filarska et Irena Gudaniec-Barbier LE FLAIR DU CHIEN La poésie s’éteint dans l’illettrisme d’un songe. Le chariot de foin de Jérôme Bosch traverse la galerie terrestre. Un ange vaincu attend au bord de l’autoroute. Le moteur fume. Le pouvoir - appuyé contre le foin. La populace fleurit au bord de la route. Le diable distribue des lecteurs MP3. Il nous tente avec la musique. Divins tours diaboliques. Au-dessus des nuages – le Christ. Sur le chemin un pèlerin. Entre eux le flair du chien et un silence morose. Trad. Isabelle Macor-Filarska et Irena Gudaniec-Barbier ET SI DIEU PREFERAIT LES BEIGNETS Et si Dieu préférait les beignets. Qu’a-t- il besoin de nos péchés. Toujours la même comédie dell’arte. Impudente banalité. Amour impair. Rêve incestueux. Et si Dieu préférait les beignets. Qu’a- t- il besoin d’une trahison de plus à se damner ? Une mer de paraffine en flammes. Et si Dieu préférait les beignets. Une luge mécréante se fait désirer sur la neige sans tache. Trad. Isabelle Macor-Filarska et Irena Gudaniec-Barbier |
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