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![]() Jaime Siles, (Espagne, 1951) ![]() |
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Biographie |
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Jaime Siles, (1951, Espagne) est poète, docteur de philologie classique, traducteur et essayiste. Il a enseigné dans de nombreuses universités d’Europe et des Etats-Unis. Actuellement il est titulaire de la chaire de philologie latine à l’université de Valence. Récipiendaire de plusieurs prix prestigieux en Espagne. Parmi ses nombreuses publications, Canon, 1973, Alegoría, 1977, Música de Agua, 1983, Poemas al revés, 1987, La Realidad y el Lenguaje, 1989, Semáforos, Semáforos, 1990 et Himnos tardíos en 1990. Ses œuvres ont été réunies en un volume par les éditions Visor. |
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Poème |
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Note à Keats à Pere Gimferrer La beauté est douleur. Et la douleur est beauté on ne peut résister ni à l’une ni à l’autre. Les deux dépassent les mesures de l’humain : on les éprouve pour toujours, mais rien qu’une fois. Un instant perpétuel les contient et subitement sans plus elles se manifestent dans l’ordre parfait des choses qui fait mouvoir et débuter leur action incompréhensible. Il ne s’agit ni d’un centre à dire ni d’un objet pensable : la beauté pivote sur elle-même comme sur elle-même tournoie toujours la douleur. Elles ne sont pas identiques car elles se différencient et dans leur chœur d’anges terribles résonne, fouetté par les ailes de l’informe, le doute portant sur laquelle des deux il faut choisir. Un sang invisible souille les esprits et l’or des corps ne parvient jamais à se voir : leur lumière fleurit toujours de l’autre côté des faux miroirs car ce sont eux qui renvoient l’image la plus exacte de la réalité. Ce que nous regardons est un trompe-l’œil d’un je-ne-sais-quoi qui, même s’il demeure en nous, se situe toujours au-delà. C’est la véritable essence des choses et elle reflète ce qui les fait être : la douloureuse sensation d’une perte qui résonne dans la centrifuge vision de leur écoulement. Ce que l’on écoute ne s’entend pas mais s’éprouve. Et ce que l’on éprouve cesse désormais d’exister. C’est la douleur d’être ce qui se rénove là-bas et c’est la propre vie ce qu’elle parvient à être là-bas. Le marbre des choses connaît ce qui est terrible comme nous-mêmes connaissons la cruauté du fait de vivre. Nous pouvons le supporter rien que parce que nous mourrons. Douleur et beauté font en sorte qu’il en soit ainsi. (Poème inédit, traduit de l’espagnol par Françoise Morcillo) |
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