Krisztina Tóth (Hongrie) |
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Biographie |
Née ŕ Budapest, Krisztina Tóth y a fréquenté l’École des Beaux Arts (sculpture) et l’Université Eötvös Loránd (Lettres et histoire hongroises). Počte, elle est l’auteure d’une quinzaine de recueils qui lui ont valu de nombreuses et prestigieuses distinctions : Graves Prize (1996), Déry Tibor Prize (1996), József Attila Prize (2000). Elle est aussi l’auteure de nouvelles et de romans qui la font considérer comme l’un des meilleurs écrivains contemporains d’Europe Centrale. Elle est l’une des grandes traductrices des écrivains français et a notamment traduit en hongrois les počtes Lionel Ray, Lorand Gaspar, Yves Bonnefoy et Guy Goffette ainsi que les romancičres Camille Laurens et Anna Gavalda. Cette voix singuličre, sombre et sensible qui écrit aussi pour les enfants, a été traduite en de nombreuses langues dont le français avec : Le ręve du Minotaure, traduction Lionel Ray, éd. Caractčres (2001) ; Trois počtes hongrois, Krisztina Tóth, János Lackfi, András Imreh, éd du Murmure (2009) ; La nouvelle, Sur le sol froid, dans Miroir hongrois, éd. L’Harmattan (2008) ; Code-barres, nouvelles, trad. G. Métayer, Gallimard (2014). http://www.tothkrisztina.hu/ |
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Počme |
Kutya Fekete földrögnek tűnt, az olvadáskor hegyoldalról leomlott hókupacnak. Sötétedett, nem látszott más a tájból, csak ónos földek, párás volt az ablak, ahogy közeledtünk, úgy tűnt, mintha mozogna, mintha egy kabát emelgetné a karját, egy árnyékstoppos az útszélre dobva, amin fényszórók tekintete hajt át. Hol felvillant, hol eltűnt, de a sorban odaérve mindenki kerülőt tett, nézni kezdtem az útpadkát, hogy hol van, és egyszer csak ott volt. Mint egy merülő test, a mellső két láb támaszkodott a sárban, mintha indulna, orrát a szélbe tartva, a felső rész figyelt. De mögötte, láttam, péppé roncsolva terült szét az alja. A véres szőrből kiálló hátsó lába egyenletes, kínos ütemre rángott, ült a fél kutya, nyitva volt a szája, és láttam a szemén, hogy mindent látott. Kiabáltam, hogy állj meg, húzódj félre, könyörögtem, hogy mentsd meg, üsd el, bármi, vagy legyen mögöttünk már valaki végre aki ráhajt. De hát mit kell csinálni?! Mit kell csinálni? – emelted föl a hangod, mit akarsz tőlem?! Mégis, mit akarsz tőlem? Azt akartam, hogy állj meg és ne hagyd ott, ha megtaláltad vagy vedd fel, vagy öld meg. Egész héten ott volt a kutya köztünk. Arra gondoltunk, jobb volna mégis otthon. Mintha mi volnánk, akik az útra löktük, és szavakkal kéne kerülgetni folyton. De mégse tudtam nem akarni, hogy este fölém hajolj: feszülő karodat néztem, próbáltam nem gondolni a testre, ahogy ott támaszkodik az árokszélen, arra az ütemes mozgásra, miközben a szemed a távolba néz és nem felel, hogy mennyi, mennyi ádáz lemondás van abban is, ahogy szeretkezel, ahogy azt kérdezed, mégis mit akarsz tőlem, miközben ütöd a kormányt és rám se nézel, és látni a vállad mögött a szitáló esőben ázó tájat a véres, téli éggel. Chien Il semblait une motte de terre, quand la glace se dégage, un tas de neige sur le versant roulé de haut. La nuit tombait, ne ressortait du paysage que des terres étamées, et la brume au carreau, ŕ notre approche il sembla presque remuer, comme si un manteau soulevait seul son bras, auto-stoppeur ombreux jeté sur le fossé, écrasé par les yeux des phares. Tantôt il surgissait, tantôt disparaissait, mais dans la file, chacun, en arrivant devait faire un détour, j’ai commencé ŕ le chercher, oů était-il, sur le bord de la route, et soudain, son corps lourd semblait plonger, les deux pattes antérieures appuyées sur la boue, comme pour un départ, la truffe au vent, les membres supérieurs veillaient. Mais j’ai remarqué derričre, sa base aplatie, presque réduite ŕ néant. Sa patte postérieure saillant de sa pelure sanglante, gigotait sur un rythme égal et douloureux, le chien était assis, sa bouche était béante, le chien avait tout vu, je l’ai vu dans ses yeux. J’ai crié, arręte-toi sur le bord du chemin, j'ai supplié, sauve-le, écrase-le, j’en passe ou que quelqu’un, derričre nous, arrive enfin et roule dessus. Mais hélas que faut-il que l’on fasse ? Que faut-il que l’on fasse ?!, – as-tu élevé la voix, mais que veux-tu de moi ?! Mais enfin que veux-tu ? Je voulais que tu t’arrętes, ne l’abandonne pas, une fois trouvé, que tu l’emmčnes ou bien le tues. Toute la semaine, entre nous deux, il y eut le chien. Nous pensions qu’il serait quand męme mieux chez nous, Comme si nous-męmes l’avions jeté sur le chemin, et qu’il fallait sans fin mettre des mots autour. Mais je ne pouvais pas ne pas vouloir encore qu’au soir, tu te penches sur moi : en voyant ton bras contracté, je m’efforçais de ne pas penser ŕ son corps, comment il s’appuyait sur le bord du fossé, et ŕ ses mouvements rythmiques, cependant que tes yeux sans réponse divaguaient alentour et aussi ŕ l’immense et farouche renoncement qu’il y a dans tes gestes lorsque tu fais l’amour, et quand tu me demandes mais que veux-tu de moi, sans męme me regarder, en frappant le volant, ne pas voir, derričre tes épaules, la pluie qui noie un paysage d’hiver avec son ciel de sang. (Traduit du hongrois par Guillaume Métayer) |
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