Tsjêbbe Hettinga,
(Pays-Bas, 1949)





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Biographie

Tsjêbbe Hettinga, né en 1949 à Burchwert (Pays-Bas), vit à Leeuwarden. Il écrit en frison, sa langue maternelle, qu'il a étudié avec le néerlandais à l’université de Groningen. Depuis 1973 il a publié une douzaine de livres de poésie. Ses poèmes sont traduits en néerlandais, anglais, français et espagnol. Depuis sa participation au Salon du livre de Francfort en 1993, il est l’un des poètes frisons les plus connus hors de la Frise et même bien au-delà des Pays-Bas. En 2006 le cinéaste Pieter Verhoeff a réalisé un documentaire traçant le portrait de Hettinga qui est aussi chanteur et saxophoniste et dont les performances peuvent se comparer à des solos de jazz.


Poème


LA CRUCHE

  Il but, et ses yeux accrochaient et bouleversaient
Les yeux bleus de la femme de pêcheur vêtue de noir,
  Près de la source, à l’ombre des cèdres timides,
Poisson et résine dans l’air, la mer, les barques, vide.
  Immobile, l’oeil absorbé, elle le voyait boire
Dans la nuit faite de bruits feutrés, de soif d’amour et
  La cruche abondante sur son épaule apeurée
Près d’un âne, bleu et doux ; l’anse blanche de son bras
  Laisse entrevoir la mer, la houle autour de ses hanches,
Entre les deux, rendus muets par un coup de silence :

  Ils avaient bu, et vu comment les pêcheurs dans leurs
Barques se faisaient plus petits, les filets des étoiles
  Dégoulinant de promesses, plus serrés, plus pleins,
Deux demi-lunes entrant à flot dans le port vert, et
  Le sel fin marin soufflé sur la glace brisée
Dans les verres sur une terrasse aux serpents noirs, aux
  Seaux blancs ; et le chemin de sa cabane (chacun
Grimpant seul colline et venelles, car gare aux couteaux)
  Elle l’avait expliqué, sentant qu’il viendrait, et lui
Grimpa sa colline, se désaltéra à sa cruche.

(Traduit par Kim Andringa)